Né en 1952 à Dakar, Sénégal
Décédé en 2019 à Dakar, Sénégal

 

Selon Nicole Guez, sociologue, critique d’art, commissaire d’exposition et auteure du Guide de l’Art Africain contemporain (1991), Assane N’Doye est l’un des artistes les plus doués de sa génération. Né à Dakar en 1952, N’Doye manifeste dès son plus jeune âge un vif intérêt pour les arts plastiques. Enfant, il suit en parallèle d’un cursus scolaire classique les cours d’une école artisanale où il se familiarise avec le dessin, la poterie, le modelage et la décoration sur émaux. De 1969 à 1972 il étudie à l’École nationale des Arts de Dakar et commence à vendre ses dessins par l’intermédiaire de la galerie de la rue Galandou Diouf, dans le Centre de Dakar. En 1974, reçu au concours de l’École Nationale d’Art Décoratif d’Aubusson, il quitte le Sénégal pour la France. Rapidement, il intègre un atelier d’artistes spécialisé dans le dessin textile pour lequel il réalise des maquettes d’impression pour de grandes maisons d’ameublement et de couture.

À la fin des années 70, il se consacre pleinement à sa peinture et poursuit ses recherches artistiques en puisant dans ses racines africaines. Artiste engagé, en 1982, il cofonde et préside l’association Wilfredo Lam dont le mot d’ordre était « se faire entendre », manifeste des artistes non européens désireux d’occuper toute la place qu’ils méritaient dans l’art contemporain en France. Assane N’Doye peint, dessine, colorie avec la même aisance sur le papier ou sur la toile. Il déforme, étire et recompose les membres donnant au corps une extraordinaire flexibilité pour mieux retranscrire, le mouvement, le dynamisme et la force du geste. Issu d’une famille Lébou, une ethnie historiquement matrilinéaire, la figure féminine occupe une place majeure dans sa vie et dans son œuvre : « La femme joue un rôle important dans ma peinture. Je procède essentiellement par courbes, par lesquelles j’essaye de transcrire l’éternel féminin, le courage, la douceur ou la puissance. La courbe c’est aussi celle du cimeterre pour exprimer la force, ou celle des calebasses pour transcrire la générosité qui me semblent être les composantes de l’âme africaine ».

Pendant près de 40 ans Assane N’Doye prit part à de nombreuses expositions, en France et à l’étranger séduisant collectionneurs et institutions. Le Musée d’Angoulême, le ministère de la Culture, la Mairie de Paris, The African American Museum de Los Angeles, la Collection Cérès Franco comptent aujourd’hui dans ses collections des œuvres du peintre. En 1990, dans le cadre du programme Fulbright, il est invité comme artiste en résidence à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA). Il s’installera et travaillera à Los Angeles jusqu’en 2014 se faisant ainsi connaître auprès du public, des collectionneurs et des marchands d’art américains.

Pour Sylvain Sankalé, l’œuvre d’Assane N’Doye colorée, pleine de courbes et de vitalité est très emblématique de ce que l’on a appelé depuis « l’École de Dakar » et qui, après s’être effacée devant l’explosion libertaire de celle de la génération suivante, revient sur le devant de la scène et fait l’objet de publications et expositions qui lui rendent enfin justice. Assane N’Doye l’avait prédit qui écrivait à propos de son œuvre : « Elle participe d’une époque et lui assurera une permanence quand elle deviendra regard d’une génération passée ».