Né vers 1895 à Thysville (aujourd’hui Mbanza-Ngungu), province du Bas Congo
Très jeune, Albert Lubaki apprend à tailler l’ivoire. Après s’être installé au Kasaï-Occidental, il épouse Antoinette, la fille du chef du village de Kabinda. En 1926, alors qu’il vend ses figurines d’ivoire le long de la voie ferrée reliant Port-Francqui à Élisabethville, il fait une rencontre décisive : celle de l’administrateur colonial Georges Thiry.
Fasciné par les peintures ornant les murs d’une case — un crocodile gris assoupi aux côtés de deux oiseaux verts attire particulièrement son regard — Thiry entre et découvre l’univers visuel de Lubaki. Impressionné, il lui propose du papier et des aquarelles pour préserver et développer cet art. Il lui offre également des bougies, car la tradition interdisant à Lubaki de raconter les histoires de ses ancêtres en plein jour, celui-ci travaillait la nuit.
Artisan ivoirier de formation, Lubaki dessine sans modèle, avec spontanéité, sans se soucier des ombres, des fonds ni des perspectives. Il applique des couleurs éclatantes, souvent éloignées de la réalité, en larges aplats. Les bords de ses œuvres sont presque toujours encadrés de marges colorées.
Séduit par son travail, Thiry commence à collectionner ses aquarelles, qu’il envoie à son supérieur à Bruxelles, Gaston-Denys Périer, lui aussi passionné d’art congolais. Ce dernier s’emploie à faire découvrir Lubaki au public européen. En 1929, une première exposition lui est consacrée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, réunissant 143 de ses œuvres.
En 1935, la collaboration entre Thiry et Périer prend fin. Privé de soutien, Lubaki abandonne progressivement son art sur papier. Néanmoins, en 1941, une nouvelle exposition lui est dédiée au Musée d’Ethnographie de Genève, présentant douze aquarelles commandées par le professeur Eugène Pittard. Par la suite, aucune exposition ne lui est consacrée jusqu’en 2012, où l’artiste est redécouvert en Europe lors de l’exposition Histoires de voir, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris.