Abu Bakarr Mansaray est né en 1969 à Tongo (ou Tongoma) à l’Est de la Sierra Leone.
Il s'installe en 1987 chez son oncle à Freetown, la capitale.
C'est dans un pays qui va bientôt connaitre les douleurs de la guerre civile que Mansaray décide de devenir artiste. Avec une volonté inouïe d'apprendre, il réinvestit une technique très courante en Afrique de l’Ouest, qui consiste à fabriquer en fils de fer des objets décoratifs ou des jouets, pour réaliser des machines futuristes improbables. "Je suis un artiste qui crée sans me poser aucune limite. Je fais du dessin, de la peinture, de la sculpture… J’invente également des machines pour mon usage personnel, et parfois pour les autres ».
Travaillant à l'élaboration de systèmes et de machineries, il étudie seul dans les manuels de chimie, de physique, d'électronique, de mathématique et s'autoproclame successivement « Professor », puis « The Master », « The Master and Magnificent » et enfin « Professeur Abu The Magnificent ». « Mon nom officiel est Abu-Bockari Mansaray mais la plupart des gens m’appellent Abu Bakarr Mansaray, qui signifie le maitre, en référence à mes compétences extraordinaires. Je réalise des sculptures uniques et futuristes grâce aux machines que j’ai moi-même construites et qui font de ces sculptures des œuvres dynamiques capables de produire du feu, du son, de la fumée, de courir, d’exploser, de faire du froid…».
Personnage insaisissable, traumatisé par la guerre civile, Mansaray est passionné de science-fiction et le seul humain capable de voir et comprendre les extra-terrestres qui vivent parmi nous et qui veulent nous détruire. Il réalise désormais exclusivement d'extraordinaires dessins à la mine de plomb et aux crayons de couleurs. Des schémas, accompagnés de calculs et de commentaires, représentant des mécanismes très précis esquissant d'incroyables machines futuristes.
Il n’y a aucun doute que la situation politique, économique et sociale de la Sierra Leone, un pays où la guerre a laissé des stigmates dans les esprits et les corps, a façonné l’imagination de l’artiste. En 1998 il parvient à fuir son pays in extremis pour les Pays-Bas mais son travail reste le témoin de l’atrocité de cette guerre.
Les titres de ses œuvres, Digital man (2004), Sinister Project (2006), The Aliens most sufisticated nuclear hammer SUV (2010), Sufisticated Hell Lizard (2011) ou Terrific, Poisonous and Hostile (2011) évoquent des images de destruction et de mort et rappellent les titres des films de Série B de science-fiction ou d’horreur. Dans The Aliens Ultimate. Bad Ass. (2016) l’artiste annonce l’avènement des Aliens et leur désir de détruire l’humanité. Un vaisseau terrifiant à la machinerie complexe importe sur terre des bourreaux extra-terrestres qui massacrent au fusil et à la faucille des humains impuissants. Mansaray se considère comme une sorte d’interprète des créatures aliens, porteuses d’une intelligence « suprahumaine », et se présente comme le seul à pouvoir éviter la catastrophe annoncée : « Pray not to witness this calamity. See me for the solution ».
« J’aime réaliser des dessins étranges et compliqués, créer des machines complexes inspirées des idées scientifiques qui vont parfois au-delà de ce que l’humain peut imaginer. Je veux que les gens ressentent le pouvoir de la création. »