Né en 1961 à Tivaouane, Sénégal
Décédé en 2017 à Lyon, France

 

Ndary Lo grandit dans les environs de Thiès et étudie les langues avant de s’inscrire à l’École nationale de Beaux-Arts de Dakar, option graphisme et communication, dont il sort diplômé en 1992. Après une brève expérimentation de la peinture, il se tourne vers la sculpture et choisit le fer à béton comme matériau de prédilection. En 1995, il remporte le prix du concours des arts du Goethe Institut de Dakar, le premier d’une longue série récompensant ses œuvres: Prix de la jeune création contemporaine africaine à la Biennale de Dakar en 1996, Grand Prix du chef de l’État pour les Arts en 1999, Grand Prix Léopold Sédar Senghor à la Biennale de Dakar en 2002 et en 2008. Artiste connu dans son pays, ses œuvres connaissent également un grand succès en Europe et aux Etats-Unis où elles sont exposées. Ayant passé toute sa vie au Sénégal, Ndary Lo rejoint la France en 2015 pour y être soigné. Il y séjournera jusqu’à sa disparition en 2017.

De Ndary Lo, l’on connaît ses hommes en marche, ses hommages à Rosa Park ou encore ses grandes murailles d’arbres. Des œuvres engagées qui témoignent d’une grande spiritualité car Ndary Lo croyait, en Dieu et en l’homme. Une spiritualité universelle, assumée, ouverte, qui transparaissait en filigrane dans toute son œuvre, tout au long de sa vie, tant dans le fond que dans la forme. Ses références et ses influences ne s’arrêtant pas à la religion musulmane qu’il pratiquait. Ses carnets sont les témoins de ses réflexions sur les autres religions ainsi que sur de grandes figures telles que Nietzche, Martin Lutter King ou encore Ghandi. Une spiritualité évidente lorsque l’on observe ses personnages immenses ouverts sur le ciel, ouvert au monde, ouvert à Dieu. Des personnages, les bras levés, dans une prière universelle, comme le rappelait l’artiste. L’envol, dans les travaux de Ndary Lo, est un spectacle à la fois très concret – foules en rangs serrés avançant, personnages bras levés vers le ciel… – mais aussi imaginaire, sans risque de chute ni d’épilogue. Ce qui pourrait paraître un motif indécis, utopique ou vain montre plutôt une version non dépressive de l’espoir, une continuité physique, une qualité de légèreté, de délivrance de la pesanteur presque, hors des lois physiques communes, un désir absolu de départ, de décollage, de transcendance, au sens spéculatif, religieux, social et politique, et peut-être aussi un rêve d’enfant, la fuite salvatrice et victorieuse du héros par les airs, l’allègement de la destinée terrestre, la jouissance d’un état de liberté. La mort comme libération, la chute comme élévation. Ou plus prosaïquement, comme il l’a lui-même énoncé, « mettre les Sénégalais en marche » dans La Longue Marche du changement, analyse Joelle Busca dans l’ouvrage Ndary Lo, le démiurge publié en 2020.

Il y avait chez Ndary Lo des allers-retours constants entre la contemplation et l’action, entre le statisme et le mouvement, l’un générant l’autre et le guidant de façon certaine. « Mes sculptures, je les appelle nit (qui signifie personnage en wolof). Je ne sais pas consciemment vers où elles marchent mais ce qui est important pour moi, c’est leur mouvement. Je suis obnubilé par le mouvement, il faut que cela bouge », explique Ndary Lo. Des silhouettes soudées, « signe d’une Afrique optimiste, résolue, combative. Comme lui. » soulignait Roxana Azimi le 9 juin 2017 dans un article lui rendant hommage publié dans Le Monde.