Nathalie Boutté: Elles

8 Novembre - 20 Décembre 2025
Vernissage le 8 novembre à partir de 16h en présence de l'artiste

La Galerie MAGNIN-A a le plaisir d’annoncer la nouvelle exposition de Nathalie Boutté, artiste reconnue pour son travail unique du papier.

Intitulée Ellesl'exposition réunit une série de portraits-hommages de femmes venues de différents horizons : d’Océanie, d’Afrique, d’Europe, jusqu’au cercle familial de l’artiste. Si l’Histoire a souvent retenu leurs actions sans toujours en conserver les visages, l’artiste entreprend ici un geste de réparation symbolique.

Cette exposition est une invitation au voyage entre les territoires ; elle résonne comme un chant de femmes traversant les géographies et les époques. Ses portraits rendent visibles celles qui furent puissantes et pionnières, anonymes ou familières, et dont les histoires composent une mémoire universelle.

Inventer une technique, c’est inventer un langage. Celui de Nathalie Boutté naît du papier, matière brute et végétale. Ses œuvres ne relèvent ni de la photographie ni de la peinture : elles se construisent par l’assemblage patient de milliers de fragments découpés et collés. De près, l’œil se perd dans la matière, dans les fibres du papier et les lignes de texte ; de loin, les visages émergent, habités, puissants. Ce va-et-vient du regard entre détail et ensemble, figure et abstraction nous rappelle l’essence même de son travail : faire surgir une image de la matière.

En Nouvelle-Zélande, à la fin du XIXᵉsiècle, deux jeunes femmes māori nous apparaissent, tatouées des moko kauae, ces marques portées autour de la bouche, symboles d’appartenance et de filiation. Ici, Nathalie Boutté introduit des plumes d’oiseaux dans la composition, établissant un lien vivant entre nature et rituel. Sur le continent africain, la figure de Hangbé Tassin, reine du Dahomey, se dresse comme une présence souveraine. Longtemps effacée de l’Histoire, elle retrouve ici un visage. Dans les bandelettes de papier se cache le pamphlet satirique et hautement féministe de Voltaire, Femmes, soyez soumises à vos maris (1766) : un contrepoint discret et plein d’ironie, qui rappelle à la fois le poids de siècles de domination et la force de celles qui s’y sont opposées.

Avec Gertrude Bell, voyageuse, archéologue et diplomate britannique, Nathalie Boutté poursuit ce dialogue entre visibilité et oubli. Elle glisse à nouveau les mots de Voltaire dans la trame du papier. Le voyage continue aussi dans l’intime, à travers des portraits tirés de ses propres albums familiaux. Ces visages de proches répondent aux héroïnes historiques, rappelant que la mémoire collective s’écrit aussi à partir des récits personnels.

En réunissant ces protagonistes qui ont peuplé son atelier au cours de la dernière décennie, Nathalie Boutté donne voix à des femmes dont nous avons souvent oublié le nom. Son œuvre s’élève ainsi comme un acte de réparation poétique et politique : elle place au premier plan celles que l’Histoire a reléguées dans ses marges. Entre papier et mémoire, fragments et visages, Nathalie Boutté célèbre la sororité universelle dans la matière même de l’image.