Née en 1979 à Calulo, Angola.
Vit et travaille à Lisbonne, Portugal.
Née en Angola, elle a quitté le pays très tôt en raison de la guerre civile qui l’a ravagé pendant 27 ans. Son œuvre reste profondément influencée par cette période de sa vie. L’accès aux matériaux artistiques était extrêmement limité, et elle a dû apprendre à composer avec ce qu’elle avait à disposition. Fascinée par les tissus, elle a commencé à collecter des sacs plastiques dans les friperies des marchés de Luanda—ces mêmes sacs qui servent à expédier chaque jour des kilos de vêtements depuis l’Occident et la Chine vers l’Afrique. À la fois objets du quotidien et témoins de l’histoire coloniale et des circuits de consommation mondialisés, ils sont devenus son premier support artistique. Plus tard, à Lisbonne, elle a commencé à intégrer la dentelle portugaise. Longtemps symbole de statut social, réservée aux grandes occasions, elle est aujourd’hui désuète, mais elle conserve l’histoire du pays.
Elle arrive à Lisbonne en 2002 et étudie à l’école supérieure Ar.Co. Neuf ans plus tard, elle devient mère d’Ester. La naissance de sa fille marque un tournant dans sa pratique : la maternité, fil conducteur de son œuvre depuis toujours, était jusqu’alors abordée avec un regard sombre, nourri d’angoisses incessantes. La naissance d’Ester lui apporte sérénité et apaisement, jusque-là recherchés à travers son travail. L’art n’est plus seulement un moyen d’échapper au réel. Ce changement se reflète aussi dans le choix des matériaux : elle commence à intégrer des matières plus délicates, comme la dentelle et la broderie.
Depuis, elle continue d’explorer de nouveaux supports et d’élargir son champ de représentation, tout en restant fidèle au thème de la maternité et à ses enjeux : la filiation, la place de la femme. Les enfants figurent souvent dans ses œuvres, incarnant pour elle la notion de transmission. Elle les considère comme les futurs gardiens d’une mémoire intergénérationnelle avant qu’ils ne deviennent eux-mêmes passeurs. Sa grand-mère, qui lui a appris à broder, constitue une source d’inspiration majeure dans son travail de mémoire.
Le choix des matériaux dans son œuvre n’est jamais laissé au hasard. Elle privilégie des matières fragiles pour raconter des histoires fortes, mais travaille aussi avec des matériaux pauvres, récupérés et chargés de mémoire : sacs plastiques, toile de jute, dentelles anciennes. Ce geste de récupération est au cœur de sa démarche : redonner une seconde vie à ce qui a été abandonné, rendu invisible. Lors de l’exposition The Power of My Hands au Musée d’Art Moderne de Paris, elle a même utilisé du Tyvek, le matériau d’emballage de ses œuvres, comme support de création.
Elle considère que c’est ce contraste qui donne de la force à son travail. Elle utilise également des photographies de femmes et d’enfants, qu’elle enrichit de dentelle, perles et pigments pour adoucir le choc d’une réalité parfois violente et transmettre une émotion plus subtile.
Aujourd’hui, sa pratique évolue vers davantage de douceur, influencée par sa fille qui lui a appris à ralentir et à apprécier le quotidien. Son équilibre se situe entre la stabilité qu’elle apporte en tant que mère et la liberté que lui offre son travail d’artiste.
Son œuvre reflète ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent et ce qui l’entoure. Chaque lieu où elle crée influence sa production, et chaque matériau rencontré peut inspirer une nouvelle série. Pour elle, l’art est un tissage : entre les époques, les cultures, les générations, entre l’intime et le politique, entre le réel et l’imaginaire.